Une invitation, trouvée dans la boîte aux lettres. Un coup de téléphone, pour savoir si il vient. Non, dans ce cas c'est à qu'elle heure que je dois venir. Sur place, se rendre compte qu'il est là, que l'on s'est fait avoir.
En haut, la lumière que j'éteints, juste avant de partir. ° Pourquoi je suis venue ? ° Le bruit de mes pas dans l'escalier, lorsque je descends pour les rejoindre. Je m'avance dans le noir, tâtant ici et là pour ne pas tomber. Leurs fous rires, je les entends d'ici ; eux et leurs cris de joies que l'on émet juste pour cacher sa tristesse. Simplement pour montrer aux autres, leurs faire croire que non, regardez, moi je suis heureux ; hé, Carpe Diem.
Je m'approche d'eux, mais seulement de peu. Je n'ose m'y mélanger. Leurs corps qui se frôlent, se touchent, se serrent les uns contre les autres, sans compter. Pour moi c'est différent, ça l'a toujours été, c'est plus dur. Il me faut du temps, encore un peu.
Je les observe de mon coin, dans ce fauteuil trop dur à mon goût. Ils gesticulent tous sans exception ; dans tous les sens. Risquent de se bousculer, mais ils n'ont pas peur, jamais. Ils crient de plus en plus forts, à qui mieux mieux, à s'en casser la voix. Mais ils s'en foutent, toujours. Et toujours ces rires incessants, qui me percent de plus en plus les oreilles. On dirait des animaux ! Ils ne s'en rendent pas compte ? Il s'en moque surtout. Les flammes des bougies dansent elles aussi. Leur lumière se reflète sur tous. Encore, je les observe et je t'observe, tu n'as d'yeux que pour elle.
Notes de musique. Des sons, rien que des sons. J'écoute les chansons qui défilent derrières eux. Elles se suivent les unes après les autres sans interruption. Trop vite. Chacune voulant prendre la place de celle qui la précède. Toutes ces chansons trop commerciales, auxquelles on a oublié d'ajouter une bonne mélodie, de belles paroles, un cœur. Et elle qui danse si bien, et qui continu de se trémousser, devant toi, pour que tu l'as remarque ; alors que c'est déjà fait, depuis longtemps. Si elle savait, ça lui éviterai de se ridiculiser. Ce qu'elle fait ne sert plus à rien, puisqu'elle est déjà tienne, puisque je m'en ronge assez les doigts.
Elle monte, toi aussi. Ca y est, son manège a fonctionné. Tu es tombé si facilement dans ses filets que tu me fais pitié, j'en ai mal pour toi. Un gars comme toi, avec une fille, comme elle.
Combien de temps maintenant, que vous êtes montés ? Je ne les ai pas vu descendre. Bon je me lève. Je les traverse, eux ; vite pour rejoindre l'autre côté. La foule commence à m'ensevelir, ils sont trop nombreux et moi, je ne suis, que moi. J'étouffe sous le poids de ces bêtes, sous le poids de ces sons, sous le poids de cette fête, sous … Une main. Elle me vient en aide et m'y extrait de justesse, merci, à … Toi !
° Mais je te croyais … ° Je ne te regarde qu'à peine, esquisse un sourire et me dirige au buffet. Un verre, puis deux, puis trois, oui mais le jus ça ne vous fait pas oublier vos problèmes. Oh et puis zut, « une bière s'il vous plaît ». C'est bon, ça fait du bien. Une autre. Une autre. Encore ! Je m'abandonne à l'alcool comme je m'abandonnerai à mes souvenirs ; mais l'alcool c'est plus facile.
Bientôt je m'y perds, état d'ébriété. Des sons, des lumières, des sons, des lumières, des sentiments, des cris, des pensées, des souvenirs, des oublies, des oublis.
La réalité, c'est quoi déjà. Flou. Un voile brumeux se pose devant mes yeux, l'image se trouble peu à peu. Je n'y vois rien. Un souvenir de toi qui s'éloigne ; bientôt je ne te verrai plus, l'image n'est pas net. Je cligne des yeux pour ne pas te perdre du regard, les ouvre en grand pour mieux te voir partir et pleurer. Quand je les r'ouvre, tu me regardes fixement. Les lumières dansent, les sons se bousculent, le temps ralenti. Au fond de cet univers illusoire je t'aperçois, enfin. ° Mais où étais-tu depuis tout ce temps ? °
Je te prends par la main et t'entraîne sur la piste. Etonné, tu me regardes. Les autres nous regarde aussi, mais comme des bêtes curieuses, puis nous oublient vite. Nous dansons, nous dansons tous. Oui car maintenant je peux le dire, nous faisons, je, fais parti de cette horde d'animales dégénérés, de bêtes sauvages. Nous sommes tous ivre, ivre de gaieté, de vivre ces instants, ensemble, nous, toi. Ces quelques minutes de gaieté où l'on oubli notre quotidien, notre passé, le futur. Seul compte le présent, ce qui se passe là, le maintenant. Ces quelques moments de joie que dans un moments d'instabilité, de tristesse on se remémora pour se dire qu'enfin notre vie n'était pas si désastreuse, que l'on en a un peu profité quand même ; juste un peu.
Regardes-nous. Des enfants. Les 400 coups, les je t'aime moi non plus, amis ennemis, et là, s'amusant comme si de rien n'était. Demain on aura tout oublié peut-être, on se détestera comme avant. Seul notre mal de tête sera là, pour témoigner de ce qu'on aura fait. Sûrement des flashes, un peu, mais pas assez pour se souvenir de tout ça. Mieux vaut ne pas y penser. Profiter. Profiter. S'amuser. Ne pas oublier.
Etat de somnolence. Je me souviens. Invitée, dans une fête. Des retrouvailles. Avec qui, réfléchie avec qui ? J'ouvre les yeux, putin de soleil, je les referme aussitôt. Je me tourne de l'autre côté. Un corps chaud, séré, contre moi. Je le caresse, sa peau est douce, il sent bon. Sa peau est douce ! Il n'a donc rien. J'ouvre les yeux, d'un coup cette fois, ton visage. Prise de stupeur je recule, roule et tombe par terre. M'enroule dans les draps un coup d'oeil, et serre. Merde je me souviens ! ...
... Une grosse bétise.