Elle vient tous les midi, A treize heure moins le quart, je guette la porte. Je sais que je ne devrais pas mais j'y peu pas grand chose. Quand elle débarque c'est toujours en foule. Entourée de ses collègues, d'un ami, rarement toute seule. C'est celle qui rie le plus fort. Elle a toujours les cheveux en pagaille. En ce moment c'est l'écharpe qui les maintien en place. Moi, je préfère quand ils ne ressemblent à rien.

Tout le monde dans la boulangerie est au courant. J'ai eu beau changer mes heures, arrêter de faire en sorte de la servir. Je pense que c'était déjà trop tard. Chaque fois qu'elle entre, je sens que mon ventre fourmille et ca doit se voir. Les commentaires fusent, quelle soit là ou pas. Ca leurs fait trop plaisir aux collègues. Et moi je ne dit rien.

Deux mois pour passer du coup d'oeil croisé au sourire en coin. Maintenant six mois et je lui parle à peine. "Bonjour Mademoiselle, ça va et vous ? Comme d'habitude. " Quelle performance ! J'ai fini par apprendre qu'elle bossait dans le quartier. Elle est dans les finances et qu'elle s'appelle Justine.

Tomber amoureux d'une Justine. *C'est d'un banal mon pauvre vieux.*


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Parfois, c'est à peine si j'ose rentrer. Nathanael me charrie parfois. “allez, fais lui un petit sourire” J'ai juste envie de prendre mes jambes à mon coup. Au début pourtant c'était charmant, marrant et puis ... La courtoisie, les parisiens ne connaissent pas, alors forcément quand on leur dit bonjour avec le sourire, ça les perturbe.

J'ignore ce qu'il se passe réellement dans sa tête et en même temps ca me fait comme des noeuds dans le ventre chaque fois que je le voie. Je ne veux pas le vexer, rien de prémédité. “Bonjour Mr, pourriez vous arrêter de me regarder avec ses yeux de merlan frit ?” Non vraiment, ce ne serait pas correcte.

Parfois je n'y vais plus. Je switch à gauche, pour m'enfermer dans le premier mc do du coin. Quelle tristitude. C'est malheureusement la meilleure boulangerie du quartier. J'y retourne et ça me culpabilise. La dernière fois le cuistot lui tapait dans les côtes, hé, hé ,hé. Oui oui on a tous vue. Tu pourrais arrêter de le faire rougir plus encore, tu vois pas qu'il aime pas ça ? Tu ne vois pas que ca ne fait rire que toi ?

Certain midis, j'ai même hâte que l'on déménage d'ici. Vivement mars, le 12e arrondissement.
Changement de locaux et changement de boulangerie.