Je me disais que j'étais bien, là, assise sur ce banc. Dans ce petit bout de jardin, de ce petit bout de maison. Dans ce brin de vie qui ne m'appartenait qu'à moitié.
Week-end improvisé dans un quotidien qui devenait monotone. Une envie soudaine, un temps restreint de réflexion, pas d'actes manqués ! C'était lui et moi, « juste »huit heures de route, la canicule et ses yeux bleus tout du long du chemin. Par moment je feignais de dormir, le temps d'un regard en coin, d'une image ou d'une idée pour mieux me rendormir. D'autres fois je pionçais bouche ouverte alors il me prenait en photo. Plusieurs, pour se rappeler. Mais je n'aimais ça et je boudais jusqu'à ce qu'il m'autorise à les supprimer. Puis ses amis, ses délires, ses envies, son visage en dehors de ce que j'avais pu connaître. Une porte qu'il m'entrebâillait. Un fragment de seconde assez intense pour me donner envie d'y retourner.
Mais tout s'échappait déjà .. Demain m'attendait de pied ferme et lui avec. Parfois plus, parfois moins, un peu selon les jours. Combien d'appels jusqu'à la prochaine fois, combien de rires manqués, de crises évitées avant d'en revenir là ?
On me murmure, on m'interroge au loin. Est ce que je viens, ce que je fais ? Si j'entends ?
Oui, j'entends.
Je me disais juste que j'étais bien, assise là. Sur ce banc, dans cette vie, simplement comme ça. Dans ce petit bout de jardin, de ce petit bout de maison. Que si je voulais, tout de suite, je pourrais tout quitter pour tout retenir. Faire durer cet instant, son sourire pour m'épauler, ses yeux bleus pour m'accompagner.