Parfois j'oublie les autres, les alentours, ce siège inconfortable et mon volant. J'en arrive même quelques fois à oublier la route sur la quelle je circule. Je me concentre certes mais sur tout autre chose. Parfois le temps qu'il faisait hier, parfois les autres vies que j'aurais pu vivre. D'autres fois je me surprends même à réaliser un peu tard que je viens de rouler plusieurs kilomètres sans avoir vraiment eu l'oeil à ce que je faisais.
Il y a des soirs où l'on fait défiler la liste des noms de son répertoire et où l'on se fait un peu peur, lorsque l'on se rend compte une fois le dernier nom arrivé, que l'on a personne à qui parler.
Il y a des soirs comme ça, où l'on se croirait tout permis, au dessus des lois, le monde à nos pieds. J'ai pris la voiture par un soir comme ceux là et j'accélérais progressivement dans l'obscurité environnante. J'accélérais, impuissante face à ma bêtise et inconsciente de ce que je faisais. Il était tard, la nuit brillait et j'étais malgré tout heureuse de la tournure qu'avaient prise les choses. Tant et si bien que je me serais bien vue me donner la mort dans un terrible accident, histoire de pouvoir sereinement finir sur une juste note.