"C'est l'un des privilèges de l'âge que d'être chiant sans qu'on puisse vous critiquer." (Gabrielle)

Mardi 13 mars 2012 à 1:05

 


Il y a ce mec qui détruit un peu tout sur son passage. Les yeux rêveurs et pourtant vide, si son voisin venait à passer sous son nez, il ne le reconnaîtrait sans doute pas. Il a toujours le juste mot même si il n'en prononce qu'au stricte minimum. A juste titre sans doute. Pourquoi prendre la peine de s'expliquer aux ignares lorsqu'eux même se fichent au fond de ce qu'on aura à leurs dire ? Je n'ai jamais vraiment compris ce loisirs de certaines personnes, qui consiste à vomir paroles insignifiantes sur questions inintéressantes. On m'a toujours appris que lorsque l'on à rien à dire on se tais. Le silence n'est pas si terrifiant lorsque l'on y est habitué. Et je crois qu'il l'étais plutôt bien. 

Ce cher Mr et ses musiques plus qu'enivrantes.

Vendredi 30 décembre 2011 à 1:19

 

Entre deux destinations, tu me retrouves presque toujours, la main levée, prête à frapper à ta porte. Sourire jusqu'aux sourcils, l'air de dire « Je t'ai manqué », toujours sur mon trente et un. Pourtant on connaît la limite à ne pas franchir, ce qu'il en est et où, n'iront jamais les choses. Pour un soir dans le mois, je suis ce que l'on pourrait dire ta chose. Terme dont certains s' injurions à le trouver barbare, alors que finalement il ne l'est pas tant que ça. On le sait, je ne suis tienne, que, parce que cette nuit mensuelle, tu es mien, que l'on accepte les règles du jeux et que cela nous conviens. Si les règles venaient à changer, sûrement que les joueurs aussi. J'imagine qu'en attendant l'on se contente de ce que l'autre a à nous offrir. Sans passer par quatre chemin, les choses à faire ce font comme il se doit, parfois plus pour le dire qu'autre chose mais c'est notre moment à nous, ma pause dans une vie inacceptable, ton air de repos entre deux gares. Alors profitons en !
 

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Vendredi 9 décembre 2011 à 16:25

 

Encore une fois Bonjour. Je vous dis ça par lettre, parce que comme toujours, je n'osais pas vous appeler pour vous demander les choses directement. Oui oui, un jour j'apprendrais. Promis. Mais pour l'instant c'est toujours la peur du directe qui m'anime je crois. Toujours peur de l'infime possibilité d'une réponse qui soit négative, ou de vous déranger … Je sais pas, je crois que chaque fois, j'ai l'impression de m'inviter en vous forçant la main. Là où il y a un « oui » sincère et franc, j'y vois un « si tu veux, pourquoi pas, après tout » bref rien de bien enivrant ! Alors forcément je me décourage, je rougie et je me dit que ça peu attendre … Vous n'êtes pas en manque de moi, comme il m'arrive d'être en manque de vous. Sans jamais avoir fait parti des vôtre, j'aime cette impression du contraire. Le fait que vous vous évertuez à me faire comprendre que je le serais toujours. Bien au delà de mon manque d'assurance et de confiance en moi. Bon voilà voilà, j'ai tourné autour du pot et finalement je n'ai rien dit. Comme bien souvent malheureusement, je ne fais pas ce qu'il faut. Mais bon tant pis, je sais que vous ferez avec. Amicalement vôtre comme ont dit. Et avec toute ma sympathie.

La « un rien métisse sur les bord »

 

Mardi 15 novembre 2011 à 17:14


Lorsqu'elle t'a pris la main, c'était pour te faire passer un message. D'un pas certes déterminé mais totalement désordonné, les yeux rivés sur la ligne d'horizon tu ne te rendais compte de rien. Elle avait pourtant déjà tenté en début de matinée de te souffler quelque mots, des dessins posé sur tes genoux. Au creux de l'oreille elle essayait de te rappeler des souvenirs, les idées de tous ce que tu avais pu vivre à fond.
Mais rien.

Rien de ce qu'elle pouvait t'exprimer ne te faisait réagir. Imperceptible, tu l'ignorais. On se demande même si seulement tu l'entendais. Déjà perdu bien trop loin dans tes pensées, absents de notre monde depuis bien longtemps. On l'avait prévenue pourtant avant, mais ça ne l'avait pas empêcher de sauter dans le premier avion, pour te voir. A sa manière.

Tes yeux commencèrent à rouler, ta bouche s'entrouvrir. Plusieurs convulsions te prirent d'assaut, et tu partis en crise. Les médecin avaient dit pas trop de chamboulement. Doucement. Mais pour elle, les pas attendu de géants, ne s'assimilaient même pas à un semblant de pas de fourmis. Trop heureuse de te revoir après tout ce temps, elle s'étais secrètement dit qu'à sa simple vue, tu retrouverais la mémoire. Et au cas où ça ne suffisait pas, elle avait mis plus de parfum qu'il n'en faut, en souvenir de cette odeur que tu appréciais tant.

Elle parti sur le champ.
Ca allait s'arranger, il ne fallait pas désespérer, ne vous en faites pas ... Autant de paroles qui la répugnaient par les mensonges de leurs utilisateurs. Elle n'avait jamais eu la tête dans les nuages, plutôt même pessimiste de nature. Aujourd'hui par dessus tout, elle n'allait pas commencer à faire confiance à de parfait inconnus en blouse blanche qui prétendait mieux connaître tes agissement, quand elle même était persuadée du contraire. Alors elle fini par dire que c'était parce qu'elle ne supportait pas de te voir dans cette état, même si on lui assurait que tu ne souffrais guère. Il fallait qu'elle rentre au plus vite. Le boulot sans doute. Ou soit disant.

Personnellement, je pense qu'elle omettait juste le fait d'être déçue de ne pas être la pièce manquant du puzzle. Terriblement vexée de ne pas être la clef du miracle qui t'aurait réveillé.

Lundi 17 octobre 2011 à 18:52

 « J’ai cru entendre Amy parler avec un inconnu au téléphone. Ca avait l’air sérieux. Elle semble de plus en plus distante, je ne comprends pas pourquoi … »

Amy je l’avais rencontré par son grand-père ou son parrain, je ne me souviens plus trop bien de leurs liens de parenté mais ça s’était fait comme ça. Elle elle était plutôt d’aspect réservée, coincée même, un peu prisonnière de son monde quelque part. Qui as l’air d’être née un peu trop gentille pour cet univers de fou. Moi J’étais sensé m’occuper de lui. Une sorte de job d’été, un travail comme un autre, mais un peu différents quand même. On rencontre des gens, alors on ne peut pas juste venir donner à boire et repartir aussi vite comme si de rien n’était.

 J’en avais plusieurs des comme lui, à passer voir à différentes heures, juste une sorte de contrôle. Vous vous êtes lavé ? Ok. Vous avez bien mangé ? OK je coche aussi. Le courrier … et si ils n’y arrivaient pas seuls j’étais là pour ça aussi, leurs donner un petit coup de jus. Parfois savoir que l’on va recevoir quelqu’un dans la journée est la seule raison qui nous fait prendre soin de nous, se lever pour être présentable. Mais bon parfois ca ne suffit pas non plus. Ce n’est pas grand-chose au premier abord mais ça empêche certains de s’empêtrer dans la routine et de moisir.

Lui je sais pas très bien pourquoi je devais m’occuper de lui en fait. Tu me diras c’était ma petite tornade de la semaine. J’aimais bien. Souvent je restais quelques minutes sur le pas de la porte avant d’entrer. Je collais mon oreille et je l’écoutais essayer d’argumenter au près de sa petite fille pourquoi il devait absolument aller faire telle ou telle choses et quel impacte E-NOR-ME cela aurait si elle l’en empêchait. Ou alors je l’entendais retourner toute sa maison juste pour retrouver LA photo qui illustre CE souvenir bien précis. Ah pauvre petite, son oncle était totalement incontrôlable, mais dans le bon sens du terme. C’était peut-être ça la seule raison pour laquelle j’étais amenée à passer chez eux de temps à autre. Parce que sans ça le vieux l’aurait encore plus vite usée de fatigue, à force de la malmener la petite.

Lui quand il n’avait pas mangé c’est pas parce qu’il avait perdu la notion du temps ou qu’il n’avait pas la force de se lever. Au contraire c’est qu’il avait fait trente-six millions de choses depuis le réveil et qu’il n’y avait simplement pas pensé. Moi j’étais là pour lui remettre un peu les pieds sur terre. Lui dire « Non mais vraiment Mr Pierrard, c’est pas sérieux tout de même. » ou alors « Mr Pierrard, que dirais votre petite fille si elle vous voyait ? C’est la seule famille qu’il vous reste mais vous allez finir par trop l’abimer la gamine. » Et lui qui rétorquais « Je vous ai déjà dit de ne pas m’appeler Mr, ça fait tellement vieux grincheux, juste Frédéric, ça fait quand même plus …vivant ! » Alors en réponse à mon rictus gêné il m’offrait son plus beau sourire édenté. Et là, pendant ces rares instants, quelques secondes juste, toute peur de la mort m’était enlevée. .. Ah oui je vous avais pas dit ! Tout ça entre autre, mes visites chez ces personnes,  c’était pour traiter le mal par le mal. Parce que parfois mes petits retraités, bah il arrivait qu’il me lâche entre les doigts. Ca personne n’y pouvait rien mais moi c’est ça qui me faisait flipper.

La mort… quel mot affreux. Ca vous bouffe du dedans rien que d’en parler et ça vous enlève toute envie d’être heureux. On a plus qu’un seul désir s’enfuir et aller se terrer loin du monde, pour ne pas souffrir. C’est pour ça qu’elle m’inquiétait moi. La mienne, celle des autres. Tout du pareil. Même rengaine, même phobie. Mais pas lui évidemment. Adepte du rentre dedans, croque la vie et compagnie. Je m’en faisais du mouron pour lui quand même. C’est la le plus gros défaut des inconscients. Ils sont toujours entourés d’une bande d’autre gens, plus passe partout, qui les aime et qui s’inquiète pour eux à leur place. De manière démesurée. Tellement que ça les travaille nuit et jours et qu’ils ne vivent presque plus. Mais eux personne n’en parle et encore moins ne s’inquiète pour eux.

Un jour que le vieux tournait encore dans tous les sens, je suis allée me poser dans sa sorte de verrière. J’avais pas vue tout de suite, mais la petite fille y travaillait les plantes. Elle sursauta en me voyant, surprise d’abord et se retourna sans mots dire, comme si je n’avais jamais été présent. Mais par la manie que j’avais de me mêler de ce qui ne me regarde pas, je n’avais pu rester muet plus de quelques minutes seulement et n’avais pas su m’empêcher de briser le silence rythmé des bruit de pas du vieillard qui fouillait le grenier.

« Il ne s’arrête donc jamais ? Votre grand père ? » Elle me regarda alors comme si j’avais manqué à un pacte sacré et comme si j’avais pris une aise qui ne m’était pas due. On aurait dit qu’elle avait voulu me fusiller du regard. « Mon grand-père, pris t’elle la peine d’expliquer, répète souvent que jamais, n’est pas un mot de son vocabulaire…. Elle avait lâché ça entre deux coupes de feuilles, il dit aussi que quand on n’a rien à dire parfois on fait mieux de se taire ! » PAF, venu de nulle part. 2-0 remises en jeu avec un avantage pour l’adversaire. A croire que la petite nièce coincée savait y faire. Et puis faut dire que je ne suis pas bien courageux. Quand, je sens qu’on ne m’apprécie guère tant pis, je n’insiste plus.

Je m’étais donc levé, prêt à sortir, quand une main frêle me reteint par le bras. « Vous savez moi aussi j’ai un peu peur. De nous deux il est le plus insouciant et il faut bien que quelqu’un s’inquiète ici. Je joue le rôle de mère, de la confidente, de fille en même temps. Il y a des moments où je ne peux plus. Je sature. Il ne s’en rend pas compte mais, je vieillis moi aussi, à ma manière et doucement je meurs sans broncher. Il oublie que ça filleule n’est plus toute jeune elle non plus. Il oublie que les autres aussi peuvent avoir des soucis. Pour lui je suis « fraiche », dans la fleur de l’âge, et les problèmes donc, ça n’existe pas ! Sauf que voilà je suis bien malade. Je ne sais pas trop comment lui dire. Je ne suis même pas sûr d’en avoir envie. C’est tellement beau un vieux qui vieillit avec gaité vous ne trouvez pas ? Moi je ne vieillirais jamais comme lui, je partirais bien avant et quelque part, c’est mieux comme ça. Je ne pense pas être capable d’être comme lui et d’attendre. Je ne suis pas le genre de personne qui veut d’une longue vie, je préfère partir vite et bien. Tant que je ne regrette rien. Vous comprenez ?… » Et elle avait continué comme ça pendant une bonne demi-heure au moins. A m’interpeller, me saisir, commencer une phrase sans en finir une autre. Vous savez, je me demande encore comment elle avait eu la force de garder tout cela pour elle depuis tout ce temps. La mort de ses parents un peu trop tôt. Son parrain qui l’adopte en quelque sorte, bien qu’elle soit déjà une grande dame. Sa marraine qui part elle aussi. Sa fatigue. Son envie d’en finir avec tout ça. Le sourire de son parrain. Cala maintient un peu. Mes passages et mes sourires, un peu trop furtif selon elle mais bienfaiteurs pour l’esprit ... Pour une fois j’avais pas osé l’ouvrir. Quoi que j’aurais pu en dire, ça semblait de trop, mal venu et inutile. Alors je l’ai laissé déballer. J’ai pas su faire mieux.

« … me fais un devoir de la faire sourire. Se battre pour nous deux que ça lui plaise ou non. Elle ne doit rien savoir. Que je m’inquiète l’inquièterait d’autant plus. C’est toute ma chair cette petite. »

Quelques semaines après cette discutions elle nous quittait, trop fatiguée de se battre avec la vie je me suis dit. Trop fatiguée ou plus malade qu’elle ne voulait bien le dire aussi. Elle n’avait jamais su que son parrain n’était pas totalement inconscient, qu’il faisait tout ça pour elle en fait, jouer à l’autodérision, pour la faire oublier et s’accrocher à deux en quelques sortes. Pas si inconscient que ça, juste qu’il n’avait pas su trouver les mots pour lui parler. Et à lui je n’avais jamais osé  raconter cette demi-heure de vie, tout ce qu’elle m’avait confessé en m’ouvrant son cœur. Je me disais que ce n’étais pas mon boulot, pas ma décision. Et que ce n’était de toute façon pas spécialement bon pour lui, qu’il apprenne que sa nièce souffrait en silence de son mutisme alors qu’elle le croyait aveugle de tout ça. Ca aurait peut-être changé quelques choses. Mais peut-être pas.

Frédéric, il fait désormais lui aussi parti de la masse. Il s’est éteins dans la foulé. Sans trop que je n’ai le temps de comprendre ce qu’il se passait. On m’avait appelé entre deux visites. Mort vite mais bien, comme l’espérait sa « fille ». Passant de la tornade, au trop calme plat des mers profondes.

C’est en fouillant un petit peu sa maison avant la ventes aux enchères, pour ne pas qu’ils tombent tout deux dans l’oubli d’une société qui ne ce serait aperçue de rien, ou encore le hangar d’un jeune couple de nouveau riche qui fini par tout brûler sur un coup de tête, que je tombais sur ces cahiers. Par dizaine, planqués ou rangés sous le lit. Tous avec pour en-tête « Toujours bien commencer mais ne jamais finir, ça évite de penser qu’il faut s’en contenter et s’arrêter là. » Ils étaient parsemés de phrases de son quotidien, de notes, de pensées à ne pas oublier ou de choses à graver pour toujours. Tous étaient pleins à craqué mais aucuns n’était fini, comme indiqué. Dans l’un d’eux je faisais mon apparition.

« PS : faire quelque chose pour le nouveau petit jeune que l’on m’a envoyé, il a l’air complètement stressé par je ne sais encore quoi ? Note à moi-même, lui apprendre la vie, sa beauté, ses chances et ses opportunités. On doit pouvoir en tirer quelques choses. »

Mais tout cela j’en prendrais conscience bien plus tard car sur le moment c’est un peu comme si les plombs avaient sauté dans ma tête. Le bruit tonitruant d’un tambour sur lequel on s’acharne, les lumières beaucoup trop vives qui s’alternent et la pluie assourdissante qui déferle sur le toit. C’est comme de la tristesse qui s’écoulerait le long des fenêtres en tentant de se réfugier par les petits trous à l’intérieur. J’étais juste triste de voir que dans sa folle vie, le vieux m’avait un peu remarqué. Et qu’au final il avait juste tout compris.

 

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