Le crépuscule m'a abandonné, la matinée fut difficile, je sentais que la journée allait être longue. Quant à l'après-midi je ne lui en ai pas trop demandé, sachant d'avance qu'elle ne voudrait pas non plus de moi.
J'avais vraiment toutes les raisons du monde de ne pas vouloir être ici, ne serait-ce déjà que par la simple non envie profonde d'y être et ce, malgré le soleil qui tentait coûte que coûte d'accompagner mes pas. Malgré l'après-midi qui était prévue et malgré tout. Comme quoi peu ne suffit pas forcément à être heureux.
Ironiquement je me retrouvais à déambuler en âme perdue dans la rue "joyeux" en compagnie d'autres âmes de passages, se demandant tout autant que moi ce qu'elles pouvaient bien faire là, dans un lieu remplit de bars à perte de vue, et dépourvu de la moindre illumination ou décoration de Noël, bien qu'on ne soit qu'en novembre, je vous l'accorde. (Papa Noël si je te tenais sous la main, je te demanderais où sont passés tous ces poneys que je ne t'ai jamais commandé mais que d'autres n'ont jamais reçut non plus.)
Un sourire reçut au hasard d'un coin de rue par un jeune homme. Roulement de tambour derrière ma poitrine, mon coeur s'enflame. Une âme encore vivante se promènerait-elle dans nos rangs ? Echange partagé. Le vent en pleine face, les lèvres bleuies et gercées par le froid, l'écharpe enroulée jusque sur les oreilles et ce foutu soleil qui me pique la rétine à m'en faire plisser les paupières. Je ne devais pas être à mon avantage. Lui non plus. Tant mieux. Moins de quelques secondes qui ont suffit à assombrir ce soleil, à interdire au vent de souffler et m'ont permis d'oublier tout ces bars qui m'entouraient.
A me faire sourire même, j'en convient.
Un sourire avec le bout du nez rougit de froid et des engelures pleins les doigts.
- Dis Père Noël, (si tu m'entends) si je te commande un poney, tu promet de m'en mettre un de côté de ta réserve personnel à poney que tu cache dans ton hangar à poney au fin fond du bout du bout de l'Alaska ?