"Dans un monde rempli de désespoir, il faut encore oser rêver." (un bel inconnu)

Samedi 23 octobre 2021 à 17:45

Un jour ils arrêtèrent juste de se parler.

Ils se quittèrent sans rancunes, sans cris, ni larmes. Rentrée un peu trop saoul d’une soirée, plus triste qu’à l’accoutumé, elle avait tout lâché au milieu de la chambre. Ni l’un, ni l’autre ne s’était énervé. Personne n’avait déversé de colère. Elle n’avait fait qu’expirer les premiers mots, les autres suivirent sans qu’on ne les retienne plus. Ils s’étaient écoutés longuement, plusieurs heures, entre les cris d’amoureux du 7e, et les vrombissements des bécanes du RDC. Chacun avait raconté son histoire, péniblement. Elle hoquetant, Lui lascivement. C’était pourtant la même histoire qui commençait il y a 15, puis 3 ans. Comme tous ceux qui en finirons là. Pourquoi ceux-là et pas d’autres ? Comment s’en sort-on lorsqu’on en arrive là ? Pourquoi pas de Happy-ending ? Pourquoi pas nous, on le méritait bien pourtant, on s’était tout donné. On avait tout risqué.

Tout s’est arrêté cette nuit-là. Face aux regards accablés d’un chat qui n’y pouvait pas grand choses, contre le portant du linge qui n’était pas encore sec, assis dans le lit de toutes nos aventures. FIN. Comme ça craché au milieu de tant de banalités. Depuis c’était le calme plat. L’horrible calme d’avant une tempête qui ne se dévoile pas. Quant au réveil du même lit, chacun suit sa route, comme si rien ne s’était produit. Quand on se dit bonjour, à peine, ou qu’on sourit étrangement mal. On murmure « Passe une bonne journée » tout en serrant les dents tandis que l’autre n’entend qu’un claquement de porte. C’est affligeant. Les jours s’enchaînent et il en reste encore pas mal. On ment aux murs où s’entassent les vestiges d’un temps déjà révolu. On raconte aux autres l’histoire qui les satisfera. Bêtement on continue d’acheter tout ce qui ne nous sera plus d’aucune utilité. En continuant de vivre sous le même toit.

Mardi 5 janvier 2016 à 19:24

 

 

 

 

Elle vient tous les midi, A treize heure moins le quart, je guette la porte. Je sais que je ne devrais pas mais j'y peu pas grand chose. Quand elle débarque c'est toujours en foule. Entourée de ses collègues, d'un ami, rarement toute seule. C'est celle qui rie le plus fort. Elle a toujours les cheveux en pagaille. En ce moment c'est l'écharpe qui les maintien en place. Moi, je préfère quand ils ne ressemblent à rien.

Tout le monde dans la boulangerie est au courant. J'ai eu beau changer mes heures, arrêter de faire en sorte de la servir. Je pense que c'était déjà trop tard. Chaque fois qu'elle entre, je sens que mon ventre fourmille et ca doit se voir. Les commentaires fusent, quelle soit là ou pas. Ca leurs fait trop plaisir aux collègues. Et moi je ne dit rien.

Deux mois pour passer du coup d'oeil croisé au sourire en coin. Maintenant six mois et je lui parle à peine. "Bonjour Mademoiselle, ça va et vous ? Comme d'habitude. " Quelle performance ! J'ai fini par apprendre qu'elle bossait dans le quartier. Elle est dans les finances et qu'elle s'appelle Justine.

Tomber amoureux d'une Justine. *C'est d'un banal mon pauvre vieux.*


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Parfois, c'est à peine si j'ose rentrer. Nathanael me charrie parfois. “allez, fais lui un petit sourire” J'ai juste envie de prendre mes jambes à mon coup. Au début pourtant c'était charmant, marrant et puis ... La courtoisie, les parisiens ne connaissent pas, alors forcément quand on leur dit bonjour avec le sourire, ça les perturbe.

J'ignore ce qu'il se passe réellement dans sa tête et en même temps ca me fait comme des noeuds dans le ventre chaque fois que je le voie. Je ne veux pas le vexer, rien de prémédité. “Bonjour Mr, pourriez vous arrêter de me regarder avec ses yeux de merlan frit ?” Non vraiment, ce ne serait pas correcte.

Parfois je n'y vais plus. Je switch à gauche, pour m'enfermer dans le premier mc do du coin. Quelle tristitude. C'est malheureusement la meilleure boulangerie du quartier. J'y retourne et ça me culpabilise. La dernière fois le cuistot lui tapait dans les côtes, hé, hé ,hé. Oui oui on a tous vue. Tu pourrais arrêter de le faire rougir plus encore, tu vois pas qu'il aime pas ça ? Tu ne vois pas que ca ne fait rire que toi ?

Certain midis, j'ai même hâte que l'on déménage d'ici. Vivement mars, le 12e arrondissement.
Changement de locaux et changement de boulangerie.


 
 

Dimanche 27 décembre 2015 à 23:50

 
Même pour quelques heures ça valait le coup.
Te revoir après toutes les péripéties que la vie nous avait imposée. Après ces 2 affreuses années, dans cette école de tordus, de demeurés. Les whisky sur le plancher de ton appartement, les sauts dans le vide, le piano de ta grand-mère. Après les ballons à l'hélium qui font rire, les escapades en foret, les fleurs accrochées à ma porte. Même après ces pleurs devant les marches de ton escalier.
 
Je n'attendais rien de plus que ce que tu m'as gracieusement offert. Rien de plus que cette tendresse passée, passion atténuée par les années de voyages inespérés, amour indécis, adoucie des souvenirs d'entant. Mon hiboux des vieux dessins que j'entasse au fond de du garage. La boucle jaune en moins. Même idéologie, même rêveries, même étincelle de vie au fond des yeux.
 
Souvent j'en ai eu des flash-back de nos destins entremêlés de trop plein. De toutes ces fois où je perdais la boule, ces inconsciences qui me faisait paraître la fille que je n'étais pas vraiment. Et toi qui m'enlaçait. Tu me pardonnais non pas mes enfantillages, mais la maladie qui m'ensevelissait. Tu ne disais pas "c'est pas grave" mais plutôt "tu oublieras". Tu me prenais comme j'étais et avec le peu que j'étais capable d'offrir. C'est pour cette même raison que tu peux me revoir ce soir, sans mauvais pressentiment.
 
En me préparant tout à l'heure, je revoyais toutes ces mésaventures qui ne me ressemblait plus. Déjà la peur montait graduellement avant même d'avoir mis un pied dehors. Le reconnaîtrais-je ? Aura t'il changer ? Serais je si différente ?
La porte à peine poussée, je retrouve son odeur. Etrange de se dire qu'après 5 ans d'ignorance, on reconnait quelqu'un à son parfum. Il ne me laisse pas le temps de prendre conscience, m'enlace amicalement. Ca faisait si longtemps ..
 
J'écoute ses histoires, me remémore les souvenirs qu'il me propose, entend ses plaintes. Cette fois je prend notes de tout. Je n'oublierai rien de cet instant si particulier.  De ses lèvres, tout me semble important, le monde tourne différemment quand il parle et moi je n'avais rien compris. Quand il me serre contre lui pour la presque dernière fois, ça me déchire les entrailles. Une fois encore je ne sais pas comment le retenir. Et une fois encore, je n'en ai aucun droit. Il manque la robe de satin rouge.

Je suis ses pas dans l'escalier, jusqu'à la dernière marche, jusqu'au bruit de son vélo dans l'entrée.
Jusqu'à ce qu'une fois encore, j'entende la porte lourde claquer derrière lui. 
 

Dimanche 13 décembre 2015 à 2:38

 
 
Un jour je suis retombée sur Frédéric, comme ça, dans le métro, avant d'aller travailler. Ca m a fait comme un coup de poing dans la face. Je passais en coup de vent, pour ne pas dire en courant, devant la sortie 1, comme tous les matins avant de prendre la 2.  Un grand 8 dans mon bide forcément. Petit volte face, prend une pose déconcertée devant les amoureux qui sentent mon regard de plus en plus lourd sur eux et se retournent. La femme m'est inconnue et l'homme complètement hors de propos. Secouant la tête déjà pour rêvasser a mieux, je persiste a ne plus voir que lui. Le mal est fait.
 
les souvenirs remontent un a un. Son studio d a peine 10m2 pour les études, nos baises interminables, le cirque du soleil et le lac des signes. Mes cauchemars un soir sur deux, le manteau vert anis, les crises d'adolescente, la meilleures baise du monde. Comme ça en vrac. Pour mieux m embrouiller sans doute.
 
Me rappel notre rencontre dans ce bar si petit que nous nous tenions chaud sans nous connaître. Si petit que vous nous entendiez parler de catacombe avec la gaby et que ça vous donnait envie. Cette folle rencontre tant et si bien que vous nous avez suivi sur un coup de tête. Une histoire sans complexes.
Au début en tout cas.
 
Je te revois encore, ce soir en rentrant par les ruelles peu éclairées de chez moi. Je te croise parfois sur le quai, direction Brunoy. Je t'ai un peu trouvé hier, dans le regard de l homme assis en face du bar. Je te vois trop, toi qui m'avais brisé le cœur. Champion de la liste, j'en avais oublié les rires mais surtout les pleurs en ta compagnie. Je te vois trop quand je suis seule dans le noir, quand je me lève un peu trop tôt, quand je me pose fumer dehors. Je te vois tellement que ça m'en bouffe le cœur une seconde fois. De tout ce que je ne regrette pas mais un peu de ce qui n'était pas la non plus. De pourquoi cette fin médiocre. Pourquoi ces mensonges. Pourquoi tant de tout, si ça n'était que rien.

 
Je t'en veux, de m'avoir eu comme la fille qui ne comptait que peu. Celle qui nous fait oublier pour mieux l'oublier ensuite. Je t'en veux d'avoir été honnête des le début. De ne pas m être écoutée et d'être tombée amoureuse.
Amoureuse du seul homme pour qui, j'étais prête a décrocher la lune.
 

Mardi 26 mai 2015 à 0:30

On s'était rencontré pas plus de 6 mois avant mon grand départ. L'aventure était prévue tout autre, la Nouvelle Zélande d'abord un rêve, en solo pour pimenter le tout, agrémenté d'un anglais que je ne métrise pas totalement. Puis voilà, Elle a débarqué dans ma vie, après quelques bières lors d'une première soirée improvisée et elle m'a proposé de l'accompagner pour son périples. Instant de flottement … Cette nana que je ne connais pas, me propose le tout pour le tout. Que dire de plus ? Il m'a fallut quelques jours je l'avoue, peser le pour et le contre, d'attendre qu'elle réalise ce qu'elle venait de m'offrir, écouter les ignorants me dire que « Mais en fait tu ne la connais pas cette fille. Qu'est ce qui te dit que ça va bien se passer ? Pas peur des disputes ? Et si il y avait un problème, ton voyage ne serait pas gâché ? C'est quoi le plan B ? Et si, et si, et ... mais au fond de moi, je savais déjà que c'était foutu et que je la suivrai au bout du monde.

La Colombe c'est mon oiseau de malheur à temps partiel. Je dis de malheur parce qu'elle m'a forcé à sortir de ma zone de confort, affronter un pays pour lequel je pensais ne pas être prête et gravir des montagnes que je n'imaginais même pas. Le reste c'est que du bonheur. La joie qui m'a ensevelie à son arrivée à Delhi, deux heures plus tard alors que je ne l'attendais plus. Nos fous rires interminables à des heures où l'on emmerdait le monde, les BATMAAAAANNN à tout va, dans une ruelle, une gare, un square. Elle était là, à mes côtés, deux mois durant, sans jamais être pesante. Discrète à ses heures, sociable pour deux quand je n'avais pas la pêche, un peu mère lorsque j'en avais besoin. Et je pense pouvoir dire sans crainte que je lui rendait bien. C'était mon amoureuse, mon amie ignorée. Un peu la sœur que je n'ai jamais connue, un coup de foudre amical comme on en a rarement.

Plusieurs fois elle m'a demandé de la suivre. Plusieurs fois j'ai grandement hésité. Dur de partir un an quand on n'a planifié que deux mois. Mais je ne regrette rien. Ni de l'avoir laissé suivre son rêve, ni de l'avoir suivie. Pas une pensée pour mon île ni mon programme d'origine. Nos soirées angoissantes comme nos longues discutions, à refaire … Tout PAREIL ! Le bon comme le mauvais, le difficile voir atrocement épuisant. Les larmes, nos larmes à deux, les petits bonheurs inutiles mais qui changent tout. Parce que je t'ai rencontré toi, Colombe, qui m'aura fait découvrir l'Inde et le Népal comme jamais je n'aurais pu les imaginer. Parce que j'étais avec toi, parce que je t'aime GROS COMME CA. Je t'attend de pied ferme, pour de nouvelles aventures.

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