De retour sur Paris, je réapprends cette marche décalée, qui loin d'être sensuelle, nous pousse à aller toujours plus vite que la musique. Il est approximativement seize heures, et j'ai en tout et pour tout moins de vingt minutes pour trouver ce que je cherche. Attention top départ. J'entre dans ce palais du cinéma comme de la littérature, les yeux rivés vers le sol, pour ne pas être tentée comme à mon habitude par quelques autres choses non prévues que ce soit. Comme à mon habitude je n'y parviens malheureusement pas et déjà après seulement cinq minutes dans le magasin, me voilà qui flâne entre science fiction et essais d'arts, entre les nouveautés et celles soldées. Premier arrêt, je demande, je m'explique, "non ce n'est pas ici. Deuxième à gauche voyez avec nos collègues." J'accélère le pas, les aiguilles de ma montre commence à faire la grimace, signe que rien n'est encore joué. Deuxième arrêt, l'on me questionne, je réfléchis, instant de doute, "non ce n'est pas dans nos rayons. Retournez sur vos pas, Arts et décoration, vous devriez tomber dessus." J'e bouillonne, le temps passe et justement je n'en ai vraiment plus beaucoup. Je trottine dans les allées, j'espère que le troisième choix sera le bon et justement ... Un air étonné "Tout va bien Mademoiselle ? " , un grain de peau halé juste comme il le faut, un livre d'architecture sous le bras, une main tendue qui se veut rassurante. Et l'autre derrière son comptoir, la voix aigrie, "Vous êtes ensemble ? # Silence # Echange de regards, j'en viens presque à m'interroger sur la réponse même de cette question, quand alors je la connais parfaitement. Pourtant je n'arrive pas à y répondre. J'attendais sa réponse à Lui, au même titre que la vendeuse. Un rien perplexe, un rien perdue. Moi : "Pardon vous avez dit ensemble ?" Elle : "Oui pour savoir si vous l'attendez, ou si je prends votre commande ?" Lui : "Ensemble, non pas encore ... " Et me voilà qui fond, ne sachant plus où me mettre. Plus d'horloge, plus de stresse, puisque plus aucune pensée ne semble pouvoir traverser mon esprit. Sourire béat, de la pauvre donzelle en manque d'amour, sourire du don juan, qui peut-être serait différent des autres. Le temps de reprendre mes esprits, de faire ma commande, et le bellâtre disparu entre les caisses de paiement. Lorsqu'il ré apparaît enfin, il est accompagné d'une charmante personne (amante ou non je ne le saurais jamais), le regard en arrière malgré tout, tentant de voir par où je m'en irais. Les yeux rivés sur les nuages, j'aperçois la pendule qui affiche déjà trente. Une fraction de seconde et tout redevient clair, d'ici peu, je risque de louper ce satané train. Je reprends alors ma course effrénée hors du palais des envies, entre les rues grisâtres et tortueuses d'un Paris sous la pluie. Les pieds cloués au sol, accélérant chaque fois un peu plus pour arriver dans les temps. L'esprit vagabond, déjà perdu entre cet air fripon, cette bouche prenante et les mains chaleureuses, de celui que je tenterais de retrouver d'ici huit jours, même lieu, même heure, au palais de mes désirs, puisqu'il devra comme moi, revenir chercher sa commande.