Te souviens-tu de cet air. De cet air de piano. De celui que tu aimais, celui qu'on aimait tant. Tu me le jouais, chaque fois que l'on allait chez toi. On rentrait à peine que je déposais mon sac et qu'impatiente j'allais me placer sur le banc. Pafois j'ouvrais ton cahier de partitions, de peur que tu l'oublis mais chaque fois tu me rejoignais -non sans un sourire aux lèvres- qui sait à quoi tu pensais, et tu le refermais. Alors tu t'asseyais à mes côtés, et te mettais à le jouer, notre morceau, instinctivement, et plus rien ne pouvait nous sortir toi, et moi, de cet univer dans lequel on vennait de tomber. On l'écoutait. On écoutait cet air que j'avais composé, que tu avais su écouter, et que maintenant tu nous interprêtais. Chacun à ses petits secrets. Ca c'était notre truc, rien qu'à nous. Une simple mélodie mais notre mélodie quand même. On savait l'entendre nous, parce qu'elle nous parlait. Parce qu'on la comprenait. C'est pour cette même raison qu'on se la réservait.

Puis un soir de décembre on s'est dit pourquoi pas.
C'est fou comme les clichés peuvent être si vrai parfois. Après l'avoir écouté, cette énième fois de plus, c'est là qu'on s'est décidé. Alors on est ressorti, après que tu ai refermé le rabat. Remis nos sac au dos. Partis sans savoir où.